La FFA présente la facture du Covid pour l’assurance en 2020

La Fédération française de l’assurance est revenue sur le bilan du secteur, marqué par la sur-sinistralité, les taux bas, la volatilité des marchés, et des épargnants qui se sont détournés du fonds euros.

« Une année totalement inédite à tous égards ». La présidente de la Fédération française de l’assurance (FFA), Florence Lustman, a déroulé ce mercredi le bilan de l’année 2020 pour le secteur de l’assurance. Recul de l’assurance vie dans l’épargne des ménages, sur-sinistralité en dommages aux entreprises et en santé-prévoyance, les conséquences ont été au-delà de l’accroissement de la surmortalité, avec « la mise à l’arrêt de pans entiers de notre économie », a-t-elle détaillé. « Une des conséquences de la crise pour les assureurs, c’est l’explosion des prestations et des sinistres ».

Au global, pour les branches directement touchées par la crise du Covid-19 (auto, professionnels / entreprises, santé et prévoyance), l’impact sur les indemnisations de sinistres s’élève à 2,9 Md€ sur l’année.

Effet ciseau en santé-prévoyance

L’assurance santé prévoyance a subi de plein fouet la crise, avec un effet ciseau : des prestations qui augmentent en même temps que les sinistres (+4,4%), plus vite que les cotisations (+1,8%). En tout, la FFA chiffre l’impact à 800 M€, en intégrant la taxe Covid. Le secteur a dû indemniser 20% d’arrêts de travail en plus par rapport à la normale, par exemple, sans compter les gestes extra-contractuels.

« Les assureurs ne se sont évidemment pas enrichis en 2020 », a glissé la présidente de la fédération, alors que le ministre de la Santé laisse planer la menace d’une hausse de la taxation des complémentaires santé.

Explosion du risque d’entreprise

En dommages, « le risque entreprises est celui qui a le plus augmenté en 2020 », a indiqué Florence Lustman, précisant que les pertes d’exploitation constatées l’an dernier ont nettement dégradé la sinistralité du marché des professionnels. De fait, en un an, les prestations liées aux dommages aux biens des professionnels et agricoles ont grimpé en flèche (+54%), passant de 6,1 Md€ à 9,4 Md€. Le ratio combiné de cette branche s’est ainsi fortement dégradé, atteignant 120,8% en 2020, contre 96,5 % lors de l’exercice précédent.

Dans le même temps, la branche automobile a connu une tendance inverse. Après être monté à 102% en 2019, son ratio combiné est redescendu à 96,1% l’an dernier. « Il y a eu moins de sinistres en auto en 2020 (-19% sur un an, NDLR). Les assurés ont moins roulé, notamment lors du premier confinement. Donc, logiquement, il y a eu moins d’accidents », a précisé la présidente de la FFA. Pour autant, si les sinistres ont été moins nombreux dans cette branche, leur coût a été plus important : +5,7 % par an en moyenne pour un accident corporel, et +3,2 % par an pour le matériel. « La réparation coûte de plus en plus cher », a souligné Florence Lustman, précisant que les prix des pièces détachées avaient augmenté de 8% en 2020.

En habitation, dans un contexte où beaucoup d’assurés ont passé une grande partie de l’année dans leur logement, moins d’incendies (-2,6% par an), mais plus de dégâts des eaux (+0,9%) ont été relevés en 2020. Cette branche affiche désormais un ratio combiné de 97,3% (contre 100% en 2019).

Enfin, sous le poids de la tempête Alex, le coût des sinistres climatiques (catastrophes naturelles, tempêtes, grêle, poids de la neige, assurance récolte) n’a pas faibli et dépasse encore en 2020 les 3 Md€. « Sur les quarante dernières années, le coût des sinistres climatiques a été multiplié par trois », a observé la présidente de la FFA.

Au total, toutes branches confondues, les assureurs ont dû gérer près de 12 millions de sinistres en 2020.

Attentisme sur l’épargne

Sur le plan financier, Florence Lustman a souligné « l’environnement particulièrement défavorable pour les assureurs », avec des taux d’intérêt qui baissaient (ils sont descendus à -0,15% en moyenne annuelle), et des marchés aussi. Ce qui a entraîné mécaniquement une chute des produits financiers. Le taux de rendement moyen des fonds généraux calculé par la FFA s’élève à 1,30%.

La collecte de l’assurance vie a reculé de 19,6% à 116 Md€, résultat d’une collecte stable en unités de compte (40,1 Md€), plombée par des cotisations en euros inférieures de 28 Md€ à celles de l’année précédente. « L’épargne est restée scotchée sur les comptes courants et l’épargne réglementée », résume la présidente de la FFA. Dans le détail, le secteur a enregistré une décollecte nette très marquée sur les fonds en euros (-24,9 Md€), et une collecte nette de 18,3 Md€ sur les supports en unités de compte. Pour la FFA, c’est le « signe que l’assurance vie est en train de se transformer, même les années où le marché est très chahuté ».

Il y a également eu, en 2020, 400 M€ d’arbitrages des fonds euros vers les UC, et 800 M€ de transferts Fourgous des fonds euros vers les UC. Ce qui donne un total de 20 Md€ de flux sur les supports en UC, dont 70% ont été placés en actions (14 Md€), nous apprend la FFA. Les unités de compte représentaient en fin d’année près de 23% des encours de l’assurance vie, soit 407 Md€.

Deux priorités : le vieillissement et le climat

Malgré une facture qui s’avère donc lourde pour les assureurs, ces derniers conservent des finances solides. Le ratio de solvabilité des sociétés non-vie atteint 265% (-5 points). Celui des sociétés vie et mixtes a logiquement souffert davantage des taux négatifs. Il est en baisse de 34 points à 225%.

Florence Lustman a fixé deux priorités pour 2021 et les années suivantes : l’adaptation à la transition démographique (perte d’autonomie, santé, vieillissement), et au réchauffement climatique. A ce sujet, des « annonces » devraient être présentées à l’occasion de la Cop 26, qui se tiendra à Glasgow au mois de novembre.

Source : https://www.argusdelassurance.com/epargne/assurance-vie/la-facture-du-covid-pour-l-assurance-en-2020.180139#xtor=EPR-1&email=sb@a3scourtagesportpro.local